home Contactez nous rss feed Accès Membres
La radio de la communauté de l'Université Libre de Bruxelles

Histoire de Savoir – Sciences Exactes – Mardi 27 mai 2014 – Des neurones miroirs et de leur inhibition

Xavier De TIÈGE nous explique d’abord les moyens d’étude du cerveau : pet-scan, neuro-imagerie fonctionnelle cérébrale, électro-encéphalographie, magnéto-encéphalographie etc, leurs avantages et inconvénients. La magnéto-encéphalographiedonne une grande précision et une résolution temporelle très fine, de l’ordre de la milliseconde, correspondant à l’échelle des phénomènes de la conscience, de la cognition, du système sensori-moteur, bref du fonctionnement intime du cerveau, ce qui ouvre de nouvelles voies de recherches dans l’établissement de « cartes fonctionnelles du cerveau ». Elles donnent des images successives de l’évolution (rapide) de l’état de populations neuronales, en clair « qu’est-ce qui s’allume, et dans quel ordre »…

Avec de tels outils, la découverte des neurones miroirs dans les années 90 a secoué le monde scientifique. Lorsqu’un singe B voit un autre singe A faire un geste, une série de neurones pré-moteurs s’allument chez B, sans que cela soit suivi de l’action musculaire (on pourrait dire qu’ils se mettent en préchauffage, mais que ça ne démarre pas). Alors que chez A, les neurones prémoteurs s’allument, immédiatement suivis de l’action musculaire.

Des questions fondamentales comme l’apprentissage, les relations inter-individus trouvaient un début d’explication : les singes sont doués d’une « théorie de l’esprit », cette capacité à se mettre à la place de l’autre, ce qu’Homo sapiens fait tout le temps (sauf les psychopathes).

Ceci étant, on ne s’expliquait pas pourquoi les neurones miroirs qui s’allument chez le singe B ne sont pas suivis de l’action musculaire. Existe-t-il un système d’inhibition desdits neurones miroirs ? L’article pour lequel nous invitons Xavier de Tiège à notre micro — à paraître dans Phil Trans Royal Soc B (2014) — objectivise ce qu’on soupçonnait : il existe bien un système d’inhibition des neurones miroirs.

Dès lors, pourrait-on reconsidérer le système nerveux central d’un nouveau point-de-vue : celui des inhibitions plutôt que les activations des neurones? Question autant heuristique que philosophique.

Cette découverte permettra d’étudier certains dysfonctionnements cérébraux, ceux où se manifeste clairement …un déficit de la capacité d’inhibition.

Invité : Xavier De TIÈGE, professeur associé à l’hôpital Érasme et maître de Conférences à l’ULB, en neuro-anatomie