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La radio de la communauté de l'Université Libre de Bruxelles

Création radiophonique – 19/06/2023 – 16h – Tu le leur diras – Viviane de Laveleye


«J’assistais, sans le comprendre vraiment et dans notre propre maison, à la préparation de l’indépendance du Congo.»

Clémentine a 16 ans en 1960 quand son pays devient indépendant.
Aujourd’hui, Mathilde, sa petite-fille belge, l’interroge sur son enfance congolaise. Elle découvre que sa grand-mère avait entrepris la même démarche 60 ans plus tôt,
en questionnant ses parents à l’aide d’un petit enregistreur à cassette, l’un des premiers au Congo à l’époque. «Tu raconteras à mes petits-enfants ce que je te raconte
aujourd’hui», dit la mère de Clémentine, sur l’une des cassettes… Avec mes micros, j’ai suivi Mathilde chez sa grand-mère.
Une immersion dans une histoire familiale, mais aussi dans la grande Histoire du Congo.

Ce documentaire est une immersion dans l’intimité d’une famille congolaise, à travers plusieurs
générations. C’est via le point de vue, à la fois naïf et acéré, de Mathilde que j’embarque
l’auditeur. Mathilde est née en 1999 en Belgique et n’est jamais allée en République
démocratique du Congo. Étudiante en BD à Saint-Luc à Bruxelles, elle est solaire, spontanée et
curieuse. Un jour, elle réalise que Clémentine Faïk-Nzuji, cette grand-mère chez qui elle passe
tant de temps à Louvain-la-Neuve, a vécu dans un tout autre espace-temps. «Je voulais des
histoires drôles, des bêtises de son enfance… Et tout à coup, tu réalises que les gens qui
t’entourent sont des livres ouverts.»

Avec Mathilde, puis son petit frère Victor qui nous a rejointes en cours de route, je collecte les
précieux souvenirs de celle qui est aujourd’hui devenue une écrivaine reconnue et la première
femme noire à enseigner à l’université en Belgique. À ses souvenirs font écho ceux de ses
propres parents, qu’elle enregistrait quand elle était jeune et qu’elle a consignés dans un livre.
Ainsi que des archives officielles. Un dialogue entre histoires familiale et nationale.

Au fil des questionnements de Mathilde et Victor, Clémentine nous emmène dans son enfance
et sa scolarité dans les missions catholiques de la colonie. Elle évoque ensuite la ségrégation et
la façon dont sa famille a vécu avec le statut d’«évolué». Elle nous plonge enfin dans cette
effervescence politique autour de l’indépendance, les négociations dans son salon, le rôle de
son père, les troubles, la fuite, l’emprisonnement… La mémoire de Norbert, un parent de
Clémentine également témoin des événements, vient compléter ce pan de récit qu’elle veut
éviter de trop remuer. «C’est une manière de vivre que je raconte, pas une politique. Si je le
raconte, c’est pour que ça ne puisse pas revenir, mais pas pour aller réveiller des souffrances.
Je n’approuve pas cette mentalité de ceux qui veulent culpabiliser ou se déculpabiliser.» À sa
façon, cette histoire familiale contribue à restaurer du récit là où il fait défaut et à donner à voir
l’histoire congolaise par les yeux de Congolais.

DURÉE
51 minutes


DIFFUSION
Radio Campus le 19 juin à 16h


CRÉDITS
Ecriture et réalisation > Viviane de Laveleye
Prise de son > Viviane de Laveleye et Céline Lemoine
Musique > Leopoldo Profili
Montage > Yves Robic et Viviane de Laveleye
Mixage > Yvan Hanon
Production > Sioux productions
Avec Clémentine Faïk-Nzuji, Mathilde et Victor Pirotte et Norbert Katanga ainsi que les
archives de la Sonuma et des extraits du livre Si le Congo m’étais conté de Clémentine Faïk-
Nzuji.
Avec le soutien de l’ACSR et du Fonds d’aide à la création radiophonique en Fédération
Wallonie-Bruxelles.