• Un mystère intrigue les chercheurs. Lorsqu’on remonte les arbres phylogénétiques des primates modernes, on arrive à —56 millions d’années et puis plus rien, il y a une rupture qui ne s’accorde pas avec l’évolution des espèces (laquelle est progressive, par tout petit sauts). On peut parler ici  de « chaînon(s) manquant(s) ».

Une espèce-clé de primates, aujourd’hui disparue, Plesiadapis présente à la fois des caractères modernes et primitifs. Quelle est-elle ? Pré-moderne ? ou ancienne ?

Des arguments anatomiques (basés sur les ossements disponibles) plaident pour la version « ancienne ». Les recherches menées par Thierry SMITS apportent de nouveaux types d’arguments dans la discussion.

Par l’analyse des cavités endocrâniennes (menée par microtomographie à rayons X d’un crâne bien conservé), on peut reconstituer une partie des structures cérébrales de l’animal, ce qui révèle un cerveau plus proche de celui des rongeurs (yeux sur le côté, vision latérale) que de celui des primates (yeux frontaux, cortex visuel très développé pour la vision en 3D).

Les infos pertinentes sur l’individu et l’espèce ainsi obtenues permettent aussi de reconstituer les migrations des pré-mammifères lorsque la proto-Inde s’est rapprochée de la proto-Asie il y a une soixantaine de millions d’années… C’est de la « paléo-bio-géographie ».

Un projet de fouilles en Afrique centrale se prépare pour compléter le tableau… Affaire à suivre !

Avec: Thierry SMITH, professeur et chef de travaux au Musée Royal des Sciences naturelles