FOLIES (POST)COLONIALES
Quatre enquêtes historiques sur des parcours psychiatriques
À travers le médium du son, l’équipe MaDAf – sur l’histoire sociale de la folie en Afrique (post)coloniale – propose une mise en récit réflexive et sensible, du travail de chercheur.euses face à l’archive.
Chaque épisode porté par un historien.ne dessine de façon singulière un travail d’enquête autour de la situation d’un.e patient.e interné.e en psychiatrie pendant la période (post)coloniale, à Madagascar, en Indochine, en Algérie, et au Sénégal. Les archives médicales recueillies et minutieusement étudiées, sont mises en ondes sous forme documentaire et/ou fictionnelle. Elles constituent le point de départ pour suivre une enquête, ses coulisses, ses particularités et ses aspérités propres, mettant en lumière les rapports complexes de l’historien.ne à son objet d’étude et à sa discipline.
Chaque forme sonore fait resurgir, à travers ces parcours psychiatriques déroutés et déroutants, les pulsations d’une époque, les vies qui la traversent et résonnent encore aujourd’hui.
Les archives utilisées pour la réalisation de cette série documentaire ont fait l’objet de coupes et de sélections pour des raisons artistiques et/ou scientifiques. Nous avons néanmoins systématiquement fait l’effort de rester au plus près des documents.
Écriture et coordination scientifique de la série
Gina Aïtmehdi
Réalisation, prise de son et montage
Chloé Despax
Musique originale
Vincent Roussel – batterie
Camille Evrard – flûte traversière et objets sonores
Mixage
Jean-Baptiste Imbert
Illustration
Delphine Prouhet
Production
Radio Grenouille/Studio Euphonia
Conseil National de la Recherche Scientifique (CNRS)
Financé par le Conseil européen de la recherche (ERC StG MaDAf)
Juin 2025
Un projet mené par l’équipe MaDAf avec Gina Aïtmehdi (Anthropologue, IMAF, LAMC), Camille Evrard (Historienne, IMAF, FRAMESPA), Raphaël Gallien (Historien, IMAF, CESSMA), Paul Marquis (Historien, IMAF, CHSP), Romain Tiquet (Historien, CMB, IMAF).
Épisode 1 – Dissection coloniale – Madagascar 1928 – Raphaël Gallien
Dissection coloniale. Sur les traces d’un instituteur malgache interné en 1928
En 1928, un instituteur malgache est interné en psychiatrie. Les raisons ? La fragmentation d’une parole qui se réclame du savoir et de l’autorité des Français.
Madagascar, 1928. Dans le seul asile d’aliénés du pays, un instituteur malgache se retrouve interné après avoir créé le scandale dans l’école primaire où il enseigne. Un matin de juin, une crise d’autoritarisme le conduit à demander aux élèves et aux autres instituteurs de reconnaître sa supériorité en s’agenouillant à ses pieds. Une fois interné, il rédige quotidiennement des « dissertations » dans l’espoir de témoigner de sa bonne foi et de l’étendue de son savoir. Dans ses écrits, le corps humain, son sujet de prédilection est littéralement disséqué par la description minutieuse de son fonctionnement. Une dissection qui est aussi celle des lignes de tension de la société malgache en ce début de XXème siècle. Un organe retient particulièrement son attention : le cœur. L’arythmie de sa prose se fait alors l’analogie des rythmes d’une situation coloniale devenue insoutenable.
______
Comédiens
Dans le rôle de Jean R. : Mohamed Ali Ivesse
Dans le rôle de l’institution : Jean-Claude Dumas
Création musicale
Vincent Roussel : batterie
Entretien réalisé par
Gina Aïtmehdi
Remerciements
Joel Rabesolo
Jean-Baptiste Imbert