Extrait d'une parole du public au Jacques Franck ce soir-là :
C'est plutôt un encouragement car dans les pires conditions, il y a des gens qui résistent, qui changent d'avis, qui ne vont pas avec le courant quoi qu'il en coûte. Je trouve que c'est un grand encouragement pour tout le monde. C'est surtout ça, que j'ai envie de dire.
Je pense que tout ceux d'entre nous, tant en Israël qu'ici en Belgique - parce qu'ici aussi pour le moment, on accepte tout - alors ok, on ne peut pas dire que l'on est en train de faire un génocide, mais enfin excusez-moi : il y a combien de morts au Congo ? Le gouvernement belge, il a les mains pleines de sang. Le gouvernement belge, il a bombardé la Syrie. Il a bombardé l'Irak. Ils vont mettre des gens dans la misère en janvier 2026.
Donc, moi, ça me gêne, quand on parle comme ça : " les gens sont bêtes ". Ça me gêne. Ce que je vois surtout de votre travail - et je vous remercie - c'est qu'il y a des gens qui ne marchent pas et moi, j'ai envie d'être de ces gens-là. Et je pense que si aujourd'hui en Israël comme ailleurs, il y a plein de gens qui ne voient pas et qui ne refusent pas, c'est aussi un manque de perspectives politiques générales aujourd'hui. C'est le manque d'espoir que l'on peut changer la société, que l'on peut changer le monde.
Moi, je suis convaincue qu'on peut changer le monde et qu'il faudra pour ça que l'on se batte pour nos vrais intérêts. Notre vrai intérêt, bin, c'est notre intérêt de travailleur et pas notre intérêt national ou religieux. Voilà.
Légende : " Souvent, ces femmes en prison militaire viennent d’un milieu social très difficile. Dans nos conversations, j’essayais de mettre en rapport la façon dont l’armée les déshumanise avec la façon dont elle déshumanise les Palestiniens. J’ai tenté de parler de politique parfois. Mais en général, ça ne se passait pas très bien. Même si l’armée les maltraite, la grande majorité d’entre elles sont vraiment d’extrême droite. Elles soutiennent la guerre. Elles haïssent les Palestiniens. Ces gens avec qui j’étais en prison, qui disaient des choses terribles, sont aussi des humains. Je pense que la déshumanisation est ce qui pousse ce conflit vers l’horreur. [...] Je ne soutiens pas le Hamas et je ne soutiens pas ce que fait Israël. Je suis très critique envers mon pays et je le dis publiquement. Je ne suis pas sioniste. Mais je suis juive. Et je ne suis pas antisémite. Et cela n’a rien à voir avec les Juifs. Beaucoup de gens ne font pas la différence entre le judaïsme et le sionisme, pas plus qu’entre le judaïsme et Israël. Ce ne sont pas les mêmes choses. Les critiques envers ce pays n’ont pas toujours quelque chose à voir avec l’antisémitisme. "
Illustration : PHOTO DE MARTIN BARZILAI : Yuval Moar, 18 ans en 2024, Tel-Aviv.