Dans ce premier Micro Ouvert, Déborah V. Brosteaux, nous recoit chez elle pour parler de son livre : Les désirs guerriers de la modernité aux éditions du Seuil.

 

EXTRAITS :

 

Quels sont nos rapports aux guerres et quels types de rapports précisément ?

 

Je ne voulais pas décrire le refus de la guerre, mais plutôt comment est-ce que nous-mêmes sommes parfois pris dans des dynamiques guerrières.

 

Les recrutements guerriers c'est aussi quelque chose qui nous arrive. On ne peut pas dire : ce sont les gens qui veulent la guerre. Ce serait effectivement complètement imprécis de dire ça, puis on voit bien que ce n'est pas si vrai. C'est plus compliqué.

 

Et pourtant, je pense qu'on ne peut pas faire comme si les dynamiques guerrières étaient quelque chose qui se passait complètement en dehors de nous.

 

Une des raisons pour lesquelles je n'ai pas voulu faire une lecture qui consisterait seulement à dénoncer en gros les " agirs guerriers " du pouvoir du haut vers le bas et sur lequel on n'aurait pas prises, c'est justement parce qu'il me semble qu'une des difficultés - et je pense que les mouvements pour la Palestine notamment résistent très bien à ces difficultés - est que ça fait des décennies que nos rapports à la violence sont devenus assez indirects. Il y a beaucoup de médiations. On n'a plus d'armées de conscription en Europe. Il n'y a plus non plus - et je ne le déplore pas du tout au contraire - de service militaire. Il y a une sorte de pacte tacite qui consiste à dire : en fait, les guerres peuvent continuer à avoir lieu du moment que la réalité de ces guerres ne nous affecte pas nous. Et donc, cette impression que les guerres, ce n'est pas nous qui les faisons, ce n'est pas nous qui avons prise dessus. Ce n'est pas de notre responsabilité.

 

Pour moi, ça fait un peu partie du type de violence dans lequel on se trouve et c'est de cela aussi que j'aimerais rendre compte.