La parole est donnée à Serge Glibert qui est employé par le SPF Justice depuis 16 années maintenant pour apporter du soin en prison. Il a fait Forest, St Gilles et maintenant Haren.
EXTRAITS :
Quand on dissèque la population d'une prison, tu as très certainement au moins 30% des gens qui entrent avec une maladie psychiatrique. Les gens ont la maladie avant de rentrer. Tu as essentiellement des gens qui sont pauvres. Des gens qui n'ont pas eu accès à l'éducation. Des gens qui viennent de pays étrangers et donc qui ont vécu des traumatismes. Tu as une population en prison très marginalisée, très précaire. Il ne faut pas penser qu'une prison est remplie de violeurs, de tueurs - quelque chose comme ça - , ça n'est pas du tout la réalité.
La réalité d'une prison c'est des voleurs multirécidivistes parfois, mais des attaques contre des personnes sont assez rares finalement. Tout en sachant - c'est un truc que l'on connait en criminologie - que se trouve dans les prisons, un public visible parce que dans la précarité. La précarité, ça se voit. Avoir d'autres origines, ça se voit. Les troubles psychiques, ça se voit.
Tu as 20 X plus de chances d'être arrêté si tu es d'origines étrangères, malade ou ayant un comportement un peu étrange en rue que moi qui suis blanc qui vend de la cocaïne et qui me promène dans mon Audi.
Si, tu prends des groupes comme Mosanto, BASF (est un groupe chimique allemand et le plus grand groupe chimique au monde), Total... ils provoquent des atteintes physiques et psychiques à des tiers bien plus importants avec l'accord des gouvernements et toute une série de choses comme ça. Oui, ça passe un peu de côté.
Madame Verlinden - ministre de la Justice - dit qu'elle aimerait 1 milliard pour pouvoir construire 2000 places de prison en plus. Nous lui rétorquons que ce 1 milliard, on ferait mieux de l'investir dans les soins, dans l'éducation, dans l'Aide à la jeunesse... dans tout ce qui permettra que l'ensemble de la population ait un accès maximal aux droits fondamentaux.
ILLUSTRATION DE MANU SCORDIA.
LÉGENDE : « La machine à broyer », l'exposition qui nous plonge dans le quotidien des détenu·es et du personnel de la prison de Mons, est visible jusqu'au 30 janvier au Forum des Halles. https://www.uclouvain.be/.../exposition-la-machine-a-broyer?