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La radio de la communauté de l'Université Libre de Bruxelles

Histoire de savoir / Sciences exactes du mardi 29 mai à 18h15

•  DES FANTÔMES DANS LA VOIX
• avec: Ariane BAZAN, Dr en biologie, en psychologie et psychanalyste.
• diffusions: mardi 29 mai de 18h15 à 19h & mercredi 30 mai de 09h à 09h45.
• Le sens et la jouissance, ces deux notions très psychanalytiques,
Ariane BAZAN les explore à l’intersection des sciences psychologiques et des
neuro-sciences. Il s’agit de trouver une « matérialité » à des
concepts constitutifs de certains modèles freudiens et lacaniens du psychisme
humain. Autrement dit, de donner un ancrage scientifique « dur »
— avec des « objets » observables et des phénomènes mesurables et
reproductibles — aux concepts psychanalytiques classiques (de plus en plus
critiqués voire dénigrés de nos jours).
D’abord le sens. Les mots ne portent pas que du sens. Ils charrient
des images, des occurrences, des liens contextuels porteurs d’autres sens
cachés où peuvent se révéler des éléments de l’Inconscient.
Ils portent aussi, et c’est l’originalité des recherches de notre
invitée, une physicalité : les actions musculaires nécessaires à leur
vocalisation, la mobilisation d’articulations du corps (mâchoires etc), et tout
ce qui concourt à l’émission du son vocalique et à sa perception. Nous sommes
ici exactement à la frontière « de l’âme et du corps », du psy et du
bio. Frontière qui pourra être explorée et traversée grâce aux outils des
neuro-sciences et des sciences cognitives.
Ensuite la jouissance (au sens psychanalytique). Les cris et pleurs du
bébé qui a soif ont trois effets : ils ramènent l’équilibre physiologique,
une paix intérieure ; ils mobilisent l’attention « constituante » de la mère ;
et ils donnent, après-coup, une effectivité,
un « sens », à ses cris. Ainsi, le bébé apprend et donne un sens
— il associe une efficacité — à ses actions (qui étaient au départ non dirigées
vers un but) *lorsqu’elles sont adéquates
à la situation* c’est-à-dire en accord avec la relation qui s’établit avec sa mère (dont
il dépend entièrement pour sa survie). Il en va de même lorsque la relation est faussée
(chaque mère a ses idiosyncrasies), ce qui fonde les problématiques ultérieures.
Plus tard, devenu grand, il peut rester attaché à de telles
actions/attitudes en raison du plaisir qui leur était associé dans la prime
enfance, même si présentement elles ne sont plus adéquates à sa situation.
C’est ainsi qu’on voit se maintenir et se poursuivre des comportements manifestement
inadaptés, causant une souffrance existentielle (puisqu’ils sont inadaptés),
mais poursuivis puisque s’y attache un plaisir ancien, enfoui… C’est cela la
« jouissance » (au sens psy), un plaisir attaché à des comportements
pas toujours adéquats. La personne pourra s’en libérer lors de la psychanalyse
ou par d’autres chemins d’évolution personnelle.
La jouissance sexuelle, dans l’intimité où tout est possible, dans ce
lieu de toutes les transgressions permises, actualise cet attachement à un
plaisir ancien, mais sans risques, ce qui permet à la personne de se libérer et
de se « détendre » en son présent…